1000 ALBUMS : 1968

1968

#8

We're Only In It For The Money
Frank Zappa

Tout comme les deux albums précédents, "We're Only In It For The Money" est très porté sur l'humour, comme le laisse présager la pochette, parodie déjantée du Sgt Peppers des Beatles. Les chansons abordent de nombreux styles, toujours avec des paroles satiriques et des effets sonores étranges. Si cet album est une réussie, je préfère quand même "Freak Out!" car le style humoristique de Zappa de cette période commence vite à me lasse, même si je comprends l'aspect novateur de l'album. Je préfère nettement la période des années 1970 que nous aborderons en temps voulu.

 #9

The Soft Machine
The Soft Machine

Premier album de ce groupe emblématique de la scène de Canterbury, "The Soft Machine" est un album de chansons délicieusement psychédéliques et barrées, de mélodies répétitives mais envoûtantes, et de surréalisme emprunté au Pink Floyd de Syd Barrett. L'album est une réussite indéniable et présente un bon équilibre entre pop acidulée et jazz. Ce dernier se fait plutôt discret sur cet album, avant de devenir le style principal du groupe à partir du 3ème album. Après cet album, Kevin Ayers, mort l'année dernière, quitte le groupe pour commencer une carrière solo réussie avec le chef d'oeuvre qu'est "Bananamour" qui contient notamment "Decadence" que j'aime tout particulièrement. 

#10

Shine On Brightly
Procol Harum

Pour moi, c'est le meilleur album du groupe notamment grâce à la suite épique de 17 minutes nommée "In Held Twas In" qui marque d'une pierre blanche l'histoire du rock progressif car c'est une des premières suites de plus de 15 minutes dans l'histoire du rock. Non seulement, elle est très réussie, mais le reste de l'album contient d'autres grands moments, notamment le titre éponyme. Bref, c'est un des must-have de l'année 1968 et le meilleur album de Procol Harum.

#11

In Search of the Lost Chord 
The Moody Blues

Contenant de nombreux grands moments, "In Search Of The Lost Chord" n'est pas non plus le chef d'oeuvre qu'on pouvait espérer après "Days Of Future Passed". Très psychédélique, que ce soit pour son concept, pour ses textes ou pour sa musique, l'album regorge des morceaux cultes comme "Ride My See-Saw" ou "Legend Of My Mind". Un très bon album, mais certainement pas le meilleur des Moody Blues. 

#12

Music In A Doll's House
Family

Family est un des groupes les plus importants pour les prémices du prog-rock grâce à cet album et "Family Entertainment". La grande majorité des morceaux sont très réussis et séduisent instantanément avec ce subtil mélange de psychédélisme, de jazz et de pop. "Music In A Doll's House" s'impose comme un des sommets de 1968 et je le mets dans mon top 5 de mes albums préférés de proto-prog (avant 1969). Vraiment, c'est surement un des albums les plus prog de l'avant 1969. Important.

#13

Caravan
Caravan

Excellent premier album pour un excellent groupe, "Caravan" est très bon. Si il doit ces compliments, c'est notamment grâce à "Where But Caravan Would I?", un morceau génial de 9 minutes qui laisse présager les futures miracles de ce groupe phare de la scène de Canterbury. "A Place Of My Own" et "Love Song With Flute" sont également excellents. Bref, Caravan aura été un grand groupe dès ses débuts.

#14

A Saucerful Of Secrets
Pink Floyd

Dernier album avec Syd Barrett en musicien, A Saucerful Of Secrets est déjà beaucoup plus progressif que son prédécesseur. L'album commence avec le très psychédélique "Let There Be More Light" qui raconte l'arrivée d'extraterrestres sur Terre. Avec son intro de basse que j'aime particulièrement et les vocaux puissants du nouveau venu nommé David Gilmour, c'est une chanson qui est sympathique mais loin d'être un classique. "Remember A Day" est une chanson composée et chantée par le clavièriste du groupe, feu Richard Wright. Musique pop un peu allumée (avec notamment ses changements de signatures rythmiques), ça reste un morceau écoutable. Puis arrive le fameux "Set The Controls For The Heart Of The Sun". Morceau culte du groupe, c'est 5 minutes de mysticisme presque hindou, avec ses gros coups de tambour, ces glissandos de guitare et d'orgue et ses paroles plus murmurées que chantées qui ont été puisées dans un recueil de poésies chinoises, c'est très psychédélique et envoûtant. Ces 5 minutes passent très vite. "Corporal Clegg" est un rock basé sur l'accord d'Hendrix est un riff de guitare très rock. Avec ses paroles sur le thème d'un héros de guerre oublié, Roger Waters écrit sa première chanson sur ce thème, qu'on retrouvera notamment dans The Final Cut mais d'une façon plus solennelle qu'ici, où le thème est traité de façon comique. La chanson finit sur un thème très festif de kazoo (?!) accompagné des exclamations de joie du groupe. C'est un peu du grand n'importe quoi mais j'aime ça. Le morceau titre dure 11 minutes et commence avec un crescendo inquiétant dominé par l'orgue puis arrive un segment violent et expérimental. Tous les instruments partent dans tous les sens. Nick Mason tape frénétiquement les tambours de sa batterie et ses cymbales, Rick Wright fait du piano façon free jazz, Roger Waters agresse un gong et David Gilmour fait crier sa guitare. C'est un peu le bazar. Puis arrive un moment beaucoup plus calme. L'orgue joue des beaux accords, c'est très mélancolique puis le groupe la rejoint et David Gilmour se met à chanter. C'est très beau et c'était devenu un passage presque obligé dans les concerts du groupe à l'époque. Après ce magnifique morceau arrive sûrement la chanson la plus faible de l'album : "See Saw". C'est une chanson pop de Wright oubliable. L'album finit sur "Jugband Blues" composée et chantée par... Syd Barrett. C'est sa dernière composition au sein du groupe avant d'être finalement sorti du groupe. Il se lancera dans une carrière solo en sortant des albums de pop psychédélique assez réussi. Son meilleur album selon moi est The Madcap Laughs, avec souvent sur ses albums l'aide de ses anciens confrères de Pink Floyd. Syd Barrett est devenu gros, chauve et solitaire et est mort le 7 juillet 2006 du cancer du pancréas.